Cette première journée au Festival Paris Cinéma 2010 m’a impressionné! Trois films de vus, deux perles et un qui, même s’il ne m’a pas vraiment plu, reste un film à voir. Ce festival commence décidément très bien :). Les projections de films ne commençant qu’à partir de 14h (merci au festival pour les grasses mat’ au passage!), la journée commença doucement alors je me suis dit pourquoi ne pas se laisser bercer par la poésie d’un Philippe Garrel pour commencer. En dépit de ses 3 heures qui peut en rebuter plus d’un, je n’aurai pu commencer le festival par un meilleur film. Première séance, premières anecdotes dont une personne âgée qui a attendu que les lumières s’éteignent pour tenter de trouver une place dans le noir en parlant bien fort pendant le générique de début. "Roh la la, je ne reviendrai jamais dans cette salle (…) Et bien sûr il y a des marches! (…) Je vais toucher des gens, désolée, je ne vois rien! (…) Oh il y a quelqu’un (…)" et toute la salle de concert "CHUUUTT!!". Roh la la, les aléas des salles de cinéma et surtout de ceux qui arrivent en retard et gênent absolument tout le monde surtout quand la salle est si petite (Filmothèque du quartier latin).
Après ce film, j’étais censé aller voir On achève bien les chevaux de Sydney Pollack qui a suivi la masterclass avec Jane Fonda mais vu les horaires et la distance entre les salles de la Filmothèque et du Mk2 Bibliothèque, j’ai opté pour l’avant-première de Amore. Et comme j’étais en avance, j’ai fait un tour au Limelight, le bar privatisé par le festival et je suis tombé sur le cocktail en l’honneur de Tilda Swinton, rien que ça :)! L’actrice était à quelques mètres discutant avec ses amis et l’actrice japonaise Shinobu Terajima également présente pour présenter un de ses films: Vibrator. L’avant-première qui a suivi a été présenté par Tilda Swinton, Luca Guadagnino (le réalisateur) et Marisa Berenson qui joue la mère du personnage de Tilda Swinton. Après les incroyables 2 heures de Amore, j’ai fini par un "léger" Xavier Dolan. Fin de la journée vers minuit donc pour cette première journée qui annonce des petites merveilles à découvrir durant ce festival.
Dur de croire que le film est sorti en 2005 tellement il est imprégné des deux années qu’il traite: 1968 et 1969. Entre révolte, amitié, amour, beauté et poésie, on a du mal à imaginer qu’il aurait pu être mieux réalisé. Les trois heures que durent le film pourront en faire fuir certains mais si les longs films ne vous font pas peur, il n’y a pas à hésiter! Une photographie en noir et blanc à couper le souffle, des idées sous-jacentes aussi subtiles que critiques, des acteurs empreints d’une jeunesse flagrante et libre, Les Amants réguliers est un petit bijou qui rejoint tous les formidables films sortis pendant la décidément très fructueuse année 2005 (cf. Top 50 de la décennie). Louis Garrel y est bluffant et tous ces détracteurs pourront facilement changer d’avis avec ce film.
Le film se divise en 2 périodes et en 4 parties qui ont pour titre respectif: Les espérances du feu, Les espoirs fusillés, Les éclats d’inamertume et Le sommeil des justes. Les espérances du feu représentant les espoirs de la jeunesse pendant Mai 68, les espoirs fusillés les espoirs déçus qui ont suivi, les éclats d’inamertume la douce insouciance de la jeunesse qui se cherche (d’où est issu le génialissime extrait du film ci-dessous qui montre cette jeunesse en train de danser sur une musique des Kinks: "This time tomorrow, where will we be?") et le sommeil des justes, pas la peine que je m’y attarde, on aura bien compris de quoi il s’agit. 4 poèmes mis en scène à l’image de la Nouvelle Vague des Jean-Luc Godard et autre Jean Eustache. Témoin et acteur de cette époque, Philippe Garrel réussit à donner une impression d’une uvre immédiate sur une époque.
On retrouve également quelques particularités techniques à la Jean-Luc Godard qui marchent plutôt bien dans ce film. Ainsi, une des plus belles phrases nous est directement adressé par Clotilde Hesme: "La solitude quil y a dans le cur de chaque homme, cest incroyable.". Et cette phrase de faire écho avec toute la dynamique du film. Car en effet, bien qu’on devrait s’attendre d’après le titre à ce que le film tourne uniquement autour d’une histoire d’amour, ce n’est finalement pas vraiment le cas. Les autres personnages sont loin d’être de simples figurants et c’est l’interaction de chacun avec ce groupe qui importe – emphase sur le "chacun". Les scènes où l’on voit le couple sont d’un banal qui confirme que ce n’est pas eux les stars du film mais c’est tout le reste. Le film est donc "tout simplement" – entre parenthèses car c’est loin d’être aussi simple à faire – une évocation d’une génération composée d’espoirs différents voués à la déception. Gros coup de cur de ce début de festival. À voir absolument!
Le moins que l’on puisse dire c’est que Luca Guadagnino sait faire honneur à l’Italie. La passion des personnages, la beauté des paysages, la complexité des liens familiaux, etc. tout est parfaitement orchestré. L’ensemble du casting est excellent. On jurerait qu’ils sont tous de la même famille! Mené par une captivante Tilda Swinton, le film d’une durée de 2 heures fait monter peu à peu la tension autour du personnage principal: cette mère de famille qui, on le voit très rapidement, est en fait isolée de cette même famille mis à part son lien privilégié avec l’un de ses fils, Edoardo et sa fille qu’elle va découvrir au cours du film. Le sujet de la femme au foyer qui se sent emprisonnée est assez classique mais la réalisation de Luca Guadagnino est très intérieure permettant ainsi au malaise de s’insinuer très lentement et vicieusement jusqu’à la libération. Un choix subtil et réussi.
J’ai appris que le film fait de plus appel à de multiples références mais étant encore un gros amateur dans le cinéma italien, j’ai découvert le film sous un regard neuf et j’ai été bluffé par tant de si belles théâtralités. La musique joue un rôle primordial dans le comique ou le drame de la situation. La scène de la filature est tout simplement extraordinaire au niveau du décor et des plans choisis, de la musique et de la photographie extrêmement saturée qui oppose les scènes précédentes plus sombres comme celle d’introduction par exemple. Du grand art italien comme on s’imagine que cela pourrait être: Beau, sensible et passionné à la fois. À voir sans hésitation lors de sa sortie nationale.
Sortie le 22 septembre 2010.
Je n’ai pas encore vu J’ai tué ma mère qui au moment de sa sortie me faisait très envie et ce deuxième film de Xavier Dolan ne fait qu’attiser ma curiosité. Ce film en particulier ne m’a pas vraiment embarqué mais je dois reconnaître l’honnêteté de la chose. Le film apporte ce qu’il prétend apporter mais pour moi ce mélange de comédie brute avec les interviews qui sont pour la plupart vraiment hilarants et de comédie plus cinématographique (effets de ralentis, reprises de thèmes musicaux, parodies vestimentaires et autres) m’a gêné dans l’ensemble. Chacun aurait probablement mieux marché sans l’autre. En effet, en alliant les deux, les passages d’extrême esthétique ennuie plus qu’autre chose car tout ce qu’on attend c’est de retrouver l’authenticité des interviews. Et sans les coupures des interviews, je serai peut-être plus facilement entré dans cet univers loufoque. Pour moi, avec les Amours imaginaires, Xavier Dolan s’est privé de deux magnifiques films en essayant d’en faire deux en un.
En revanche, comme je l’ai dit précédemment, le film est loin d’être à éviter. Bien au contraire. Et qui sait peut-être que si moi-même je le revoyais, je l’adorerais parce que je suis loin d’être imperméable à ce genre de film loufoque qui se fout de paraître comme une uvre prétentieuse. Il n’empêche que ce dernier film est, à première vue, d’un niveau nettement inférieur au deux films précédents de cette première journée au Festival Paris Cinéma. Mais il en faut bien pour tous les goûts et ce n’est que plus encourageant pour la suite :D.
Sortie le 29 Septembre 2010.