Cette deuxième journée au Festival de Clermont ne démarra pas vraiment sur les chapeaux de roues après une petite festoyade silhouettienne la veille. On arrive à Clermont pour la séance de 14h alors qu’au départ, il était prévu de choper une séance matinale…. En même temps, je n’y croyais pas vraiment. Ou plus précisément, je n’avais pas envie d’y croire étant une créature de grasse mat’. La journée clermontoise ne débuta donc pas avant 14h, me laissant tout juste le temps de voir 4 séances dans la journée.
14h dans la salle Cocteau pour la sélection International I14. 6 courts métrages pas vraiment extraordinaires avec tout de même 2-3 bonnes surprises sans être de vrais révélations. Le premier court (Siemiany de Philip James Goldrick) ne fait pas partie de ses bonnes surprises mais ce dernier a un grand atout: un casting impressionnant. Une petite fille tout particulièrement dont le regard fait tellement adulte dans la tristesse et le désenchantement qu’on hésite à vouloir savoir pourquoi elle a un tel regard. Le 2ème court est Blue Sofa (ci-dessus à gauche) qui m’a plutôt laisser perplexe pour ne pas dire mort d’ennui mais plus sur ce film dans le bilan du Festival de Clermont car je n’arrive toujours pas à y croire mais ce court a remporté le Grand Prix de la compétition internationale…. Le court métrage suivant fait partie des bonnes surprises, Sparni un Airi (ci-dessus à droite) de Vladimir Leschiov est un hymne à l’aventure et à la liberté. C’est tout ce que j’en retiens et cela me suffit amplement. Il doit y avoir une histoire sous-jacente mais je ne l’ai pas vraiment saisi et cela ne m’a pas dérangé pour apprécier cette belle animation.
Une autre bonne surprise qui m’a pris de court c’est Fatah de Abdennour Ziani qui est un documentaire sur un poète contemporain en Algérie. Au début, on se demande clairement l’intérêt du film mais c’est lorsqu’on commence à connaître le personnage qu’il devient vraiment touchant avec ses rêves d’harmonie et de paix dans le monde. Tellement pur et naîf qu’on ne peut qu’être touché. Le dernier court métrage de la sélection est une jolie histoire bien fraîche qui nous vient tout droit d’Australie: Glenn Owen Dodds (ci-dessus) de Frazer Bailey. Un jeune voit une queue devant un immeuble et demande ce qu’ils attendent. Quand il apprend qu’il s’agit de Dieu (G.O.D.), il est pris de curiosité et fait également la queue. De l’humour avec une touche de romantisme, le court m’a fait penser bien malgré lui au court métrage de Patrick Hughes, Signs dont je vous avais déjà parlé ici. En tout cas, la sélection s’est donc fini sur une touche légère qui a fait bien plaisir :).
Après cette séance à la Maison de la culture, je me précipite à la salle Jaude pour la séance de 16h qui est et restera la seule sélection française que j’ai pu voir pendant ce week-end. Il s’agit de la sélection F10 qui comprend 4 courts métrages. Le premier est une animation plutôt marrante sur un père et son fils qui confrontent leur image de la femme: L’Éducation sentimentale (ci-dessus à gauche) de Paul Bourgois. Le principe d’animation est plutôt original, l’animateur a préféré laisser les calques apparents et joue même avec ces derniers. Pourquoi pas le proposer pour Silhouette cette année? 😀 Surtout qu’à y voir de plus près, de tous les courts métrages que j’ai vu ce week-end à Clermont, il n’y a pas beaucoup de films que j’aimerai voir au festival Silhouette cette année. L’Éducation sentimentale fait partie des rares exceptions. Après cette animation, est projeté Montparnasse (ci-dessus à droite) de Mikhaël Hers. Alors peut-être étais-je encore fatigué mais j’ai pratiquement dormi tout le long des 58 (!!) minutes du film. Il commence bien mais qu’est-ce qu’on s’ennuie au bout de 10 minutes! Le troisième court métrage, La parade de Taos de Nazim Djemaï est un court expérimental que je ne saurai vraiment juger. Il fait partie de ses films que je ne comprendrais peut-être jamais où chaque plan est "pensé". Même si le film ne m’a pas vraiment ému, je le ferai tourné à au moins un programmateur friand du genre pour être sûr de ne pas louper un truc mais je me rends vraiment compte que je suis imperméable à ce genre….
Après ces deux séances plus ou moins "sérieuses", une petite pause d’animation s’imposait. Je me rends donc à la salle Conchon juste derrière la Maison de la Culture et pour la sélection Distributeurs spécial animation: la D2. La sélection comprend 5 animations dont 2 m’ont vraiment plu. Il s’agit du Pont (ci-dessus à gauche) de Vincent Bierrewaerts et Mémoire fossile (ci-dessus à droite) de Anne-Laure Totaro et Arnaud Demuynck. Le premier pour son histoire et sa morale, le second pour son dessin, son sujet et son travail sur le son. Le Pont raconte l’histoire d’un père qui veut protéger son fils du monde extérieur. Les deux vivent complètement isolés du reste de l’Humanité et plus le fils grandi plus il est attiré par ce monde qu’il ne peut pas atteindre. Un court sur les dangers de l’avancée technologique. Un film écolo sans prétentions qui m’a bluffé pour un film d’animation pour enfant. Mémoire fossile quant à lui est tout simplement beau. Le sujet entre autres sur l’Histoire et sa transmission m’a fait penser à un de mes bouquins préférés: Le Passeur de Loïs Lowry où le toucher et les sensations jouent un grand rôle. Un deuxième film d’animation que j’aimerai bien voir à Silhouette cette année!
La séance d’animation ne durant qu’une heure, me voilà avec une heure de pause avant d’attaquer les choses sérieuses: une sélection Labo! Impossible de venir à Clermont sans assister à au moins une sélection Laboratoire :D. Je passe donc cette heure à…. réviser! Eh oui, j’ai pris ce week-end à Clermont à la veille d’un partiel de Commerce International :p. Mais bon, quand on aime, on ne prend pas en compte ce genre de considérations :). Une heure plus tard, il est l’heure pour la sélection L5! Ce que j’aime avec les films expérimentaux c’est que j’ai rarement le temps de m’ennuyer (mis à part les deux premiers sur les huit films de cette sélection dont un que j’avais déjà vu auparavant). Pendant ce genre de film, je cherche toujours à comprendre un sens philosophique caché ou bien à savoir quelle substance hallucinogène ont ingéré les réalisateurs pour penser à faire tel ou tel film.
Le premier court métrage que je commenterai de cette sélection est Zigurate (ci-dessus à gauche) de Carlos Eduardo Nogueira qui est un film bien mais alors bien bien barré. Le synopsis parle d’allégorie sur l’impossibilité de communiquer, j’ai surtout retenu la personnification des "merdes" qu’on accumulent chaque jour au sens littéral (si si, je ne confonds pas littéral et imagé….) et qui reviennent vous emmerder. Au début, le principe du film me plaisait bien avec en plus une esthétique ultra travaillée qui n’était pas pour déplaire à voir mais à partir d’un certain point et vous saurez de quel point je parle en le voyant, on se dit que too much c’est too much…. C’est bien dommage que le film ne sache pas quand s’arrêter. Le film suivant de Benjamin Van de Water s’intitule Bunker (ci-dessus à droite). Je n’ai absolument rien compris du sujet du film mais j’ai trouvé certains passages vraiment magnifiques notamment le passage dans la rivière avec cette eau presque surnaturelle et celui qui suit au bord de cette même rivière. Une expérience visuelle plutôt intéressante qui manquait un peu de sens tout de même.
Zeitriss (ci-dessus à gauche) de Quimu Casalprim I Suarez est un court indescriptible. Un couple, une suite logique d’événements. Pas besoin de plus d’explications, c’est tout simplement impressionnant de maîtrise. Il a fallu un travail plutôt monstrueux sur l’image pour réaliser ce film. À voir pour ce qu’il est: un objet expérimental parfaitement maîtrisé. Le film suivant est Rébus (ci-dessus à droite) de François Vogel. Le court métrage est fait d’une succession de la même scène avec à chaque fois un angle différent qui révèle petit à petit un message. Un film original qui fait sourire à la fin.
Du noir et blanc, et quel noir et blanc!, avec Tomorrow-Yeah (ci-dessus à gauche) de Daniela Abke. Un film sur une séance d’entraînement d’une équipe de basket. Le son, les images, tout le film vibre au son des paires de basket qui crissent dans le gymnase. Les mouvements sont répétés jusqu’à la perfection. Un hommage à un sport qui en devient extrêmement gracieux. Jusqu’à pousser l’analogie à la fin du film avec l’équipement qui protège les articulations des chevilles du basketteur tel un gymnaste ou un danseur de ballet qui requièrent force, grâce et précision. Et pour finir ce week-end à Clermont, The Spine (ci-dessus à droite) de Chris Landreth qui parle de relations fusionnelles ou plutôt de relations complémentaires qui provoquent de l’auto-destruction ou auto-misère. Les deux personnages ont un amour si fort l’un pour l’autre qu’ils se laissent se détruire mutuellement. Où est la moral dans tout cela? Il n’y en a pas. Certaines choses sont faites pour se désintégrer et ce n’est pas pour cela qu’elle ne sont pas belles.
En conclusion, cette journée fut plutôt bien chargée. Quelques bonnes surprises, pas de grands coups de cur mais de bonnes choses que j’aimerai bien revoir!