L’histoire: Producteur de télévision parisien à succès, Joachim avait tout plaqué – enfants, amis, ennemis, amours et remords – pour repartir à zéro en Amérique à laube de ses quarante ans. Il revient avec une tournée de strip-teaseuses «New Burlesque» à qui il a fait fantasmer la France ! De port en port, lhumour des numéros et les rondeurs des filles enthousiasment les hommes comme les femmes. Et malgré les hôtels impersonnels, leurs musiques dascenseurs et le manque dargent, les showgirls inventent un monde extravagant de fantaisie, de chaleur et de fêtes. Mais leur rêve dachever la tournée en apothéose à Paris vole en éclats : la trahison dun vieil «ami» fait perdre à Joachim la salle qui leur était promise. Un bref aller et retour dans la capitale simpose, qui rouvre violemment les plaies du passé…
Premier film vu au festival de Cannes 2010, Tournée m’a agréablement surpris. Au premier abord, une fiction sur le nouveau burlesque avec des personnages aussi excentriques que Mimi le Meaux, Dirty Martini ou bien Kitten on the Keys avait de quoi faire peur. Mais c’était sans compter sur l’extrême sincérité de ces femmes du monde du spectacle. Elles font le show et même leur montée des marches est une occasion pour se faire remarquer. Les actrices survoltées ne tenaient pas en place et pour être honnête, je me suis vraiment demandé à quel genre de films j’allai assister et si cela n’allait pas être pratiquement 1h30 de shows vulgaires et lisses de superficialité. Cependant, à la fin du film, on ne peut que s’attacher à ces forces de la nature que sont ces 5 femmes. Malgré un début difficile car long et superficiel justement, Mathieu Amalric réussit avec brio à leur rendre hommage. Les premiers numéros ne sont pas extraordinaires et plutôt "classiques" mais les suivants sont dévoilent la beauté et la fantaisie de ces femmes. Je pense par exemple au ballon, à la main et aux plumes. Dit comme ça, cela n’a pas l’air très sexy, mais ça l’est ;).
L’objectif du film de nous faire découvrir le côté humain et fragile du "strip-tease" moderne est largement rempli. Le sujet de l’acceptation de son propre corps et du corps féminin en particulier est au centre du film. Les beautés conventionnelles et moins conventionnelles sont mises en avant et cela fait plaisir de voir cette apologie du fait d’être bien dans sa peau. Le danger lorsqu’un homme film les femmes c’est de prétendre pouvoir les cerner mais le film de Mathieu Amalric évite le piège en n’étant un simple espion, témoin de leur fragilité, leur conviction et leur détermination. C’est LEUR show comme ne cesse de le répéter les comédiennes. Et il est vrai que le film n’est rien sans elles, mais il ne serait pas juste d’ignorer le rôle du producteur Joachim dans le film et des producteurs en général. Le personnage de Mathieu Amalric rend hommage aux producteurs qui prennent des risques pour promouvoir des artistes et peuvent se perdre eux-mêmes dans le processus. Joachim a tout perdu et s’est réfugié dans cette nouvelle famille. Un personnage touchant par sa détresse que dépeint parfaitement Mathieu Amalric.
À la fin du film, une ovation assez dingue se lève pour l’équipe du film durant tout le générique de fin et même quelques minutes après la fin du générique. Voir les actrices en larmes du trop plein d’émotion et voir Mathieu Amalric sur le point de l’être aussi fut un moment très fort. Un moment purement festivalier qui est surement une des raisons pour lesquelles les festivals de cinéma ont tant de succès. Sur ses chances d’obtenir un prix à Cannes, je dirais que tout dépend des autres films en compétition mais si c’est le cas, le prix ne serait pas volé.