3ème jour du Festival Paris Cinéma 2010 – If I want to whistle, I whistle – Alamar

3ème jour du Festival Paris Cinéma 2010 en deux mots: Compétitivement débuté.




Premier jour des projections des films en compétition! On entre finalement dans le vif du sujet avec deux films en compétition: If I Want to Whistle, I Whistle de Florin Şerban et Alamar de Pedro Gonzalez-Rubio. Le premier plutôt classique ne m’a pas vraiment transporté. En revanche, Alamar a été pour moi un coup de cœur instantané. Un film que j’ai vraiment ressenti plus que simplement vu. J’ai en fait eu une réaction directe aaux images du film. Chaque séquence a pour moi eu un sens émotionnel. Des choix de réalisation hallucinants de naturel. À voir absolument lors de sa sortie en salles le 1er décembre mais ne vous inquiétez pas, je vous le rappellerai! J’ai décidé de faire le plus de pub possible à ce film vu que malheureusement, il n’a obtenu aucun prix pendant le festival. Heureusement qu’il a obtenu déjà 3 récompenses dont celui du Grand Prix du Jury au Festival de Film de Miami dans le sélection des films ibéro-américains.

Mis à part la projection de ces deux films, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Après les cocktails organisés pour Tilda Swinton et Jane Fonda, c’est au tour du Japon d’être à l’honneur. Un cocktail durant lequel j’ai pu parlé avec le réalisateur d’Alamar qui en plus d’avoir réalisé un film formidable est très sympa comme mec en fait. J’ai pu lui dire à quel point j’avais apprécié son film et lui demander si l’impression très primitive et animale que j’avais ressenti pendant le film était bien un des thèmes centraux du film à laquelle question il a répondu positivement avec beaucoup d’enthousiasme. C’est tout de même ultra intéressant pour un cinéphile de pouvoir parler aux réalisateurs des films qu’on voit. Une bonne journée en définitive ne serait-ce que par Alamar!


If I Want to Whistle, I Whistle de Florin Şerban en deux mots: Durement adolescent.



Si l’on ne devait retenir qu’une chose de ce film, cela serait sans le moindre doute la performance de l’acteur principal Pistireanu George. Une justesse inouï dans le jeu de ce jeune acteur roumain. Ce dernier réussit aussi bien à intérioriser les frustrations du personnage qu’à les exprimer concrètement et, ce qui n’est pas négligeable, de façon réaliste de surcroît. On ne compte plus le nombre de pétages de plomb de personnages de films qui en deviennent risibles. Ici, c’est loin d’être le cas. La tension est réelle. Je pense notamment à trois passages du film en particulier. Le premier est la scène dans le parloir avec la mère, le second est le moment où il se fait provoquer par un de ses co-détenus et où l’on sent que cela peut dégénérer à tout moment et le dernier est évidemment le moment où tout bascule et où le personnage pète un câble. Trois scènes qui élèvent significativement le niveau du film mais qui ne réussissent pas à faire de ce dernier une vraie révélation.



Comme je l’ai dit précédemment, les qualités du film repose entièrement sur le jeu du personnage principal. Parce qu’en termes de mise en scène et de scénario, le film reste très classique et sans réelles surprises. Seule une séquence m’a paru esthétiquement intéressante au niveau de la mise en scène: la fille adossée au mur avec le personnage principal qui lui fait face et qu’on voit de dos. Un plan magnifique qui malheureusement reste le seul de ce calibre pendant l’heure et demie que dure le film. Sans parler de la mise en scène, le scénario lui-même est inégal. La tension dont j’ai parlé dans le paragraphe précédent augmente très rapidement mais redescend également très vite. Un scénario qui traîne en longueur et qui finit, il faut le dire, très mal! Et pas dans le bon sens du terme. Qu’est-ce que c’est que cette scène dans le restaurant café!? Assez incompréhensible…. C’est un des éléments qui font qu’on ne peut s’empêcher de penser que le scénario est finalement très enfantin et simpliste. Et lorsqu’on veut traiter la complexité de la psychologie d’adolescents complètement perdus, on ne peut pas se permettre être trop enfantin car ils ne le sont eux-mêmes plus du tout. Un film qui pêche donc par son classicisme et son simplisme mais qui a le grand mérite de faire découvrir Pistireanu George que l’on reverra très certainement dans les prochaines années.


Alamar de Pedro Gonzalez-Rubio en deux mots: Instinctivement paternel.


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Exit la pub touristique avec ses paysages de folie, exit le film écologiquement engagé qui nous martèle de chiffres alarmants et exit la singularité du choc culturel à la « Indien dans la ville » ! Contrairement à ce que pourrait le laisser supposer son synopsis et surtout son intertitre de fin sur la fragilité de la barrière de corail de Chinchorro, l’essence du film Alamar n’a rien de tout cela. L’intertitre de conclusion à portée clairement écologique tombe d’ailleurs un peu comme un cheveu dans la soupe c’est-à-dire soudainement tout en n’étant vraiment pas nécessaire.


Le film dépasse toutes ces considérations et revendications terrestres pour s’orienter vers une apologie beaucoup plus immatérielle de l’instinct paternel. Mais attention, pas simplement celui par lequel « j’empêche mon enfant de toucher une casserole brûlante » mais l’instinct animal et intemporel d’un père envers son fils. Ce lien incommensurable presque mystique qui lie un homme et son enfant. Pedro González-Rubio grâce à une réalisation étonnante réussit parfaitement à rendre compte de cet instinct protecteur primaire. Par le biais d’un gros plan de la main protectrice placée sur le torse du fils lors du premier déplacement en bateau, avec un passage de lutte où l’on jurerait voir un lion apprendre à son lionceau comment se défendre mais aussi et surtout grâce à cet incroyable passage où le réalisateur a choisi de ne filmer que les pieds des personnages lors d’une descente d’un tronc d’arbre. Des pieds qui d’humains passent en un clin d’œil à bestiaux.


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Ces différentes séquences par leur choix des angles de prise de vue accentuent cet instinct animal. Mais certains passages parlent d’eux-mêmes et sont filmés de façon très naturelle sans que le réalisateur n’ait besoin de faire quoique se soit pour rehausser la beauté du moment, à l’image du passage où l’enfant grimpe une échelle et où instinctivement, le père va prendre une posture enveloppante tel un filet de sécurité. Cette chorégraphie procure un sentiment de sérénité ahurissant comme si plus rien de mauvais ne pouvait leur arriver.


À ce côté purement du domaine des sensations et du ressenti, s’ajoute évidemment des considérations plus terre-à-terre. Se mêlent alors au respect filial, la transmission de valeurs et d’une philosophie de vie, l’apprentissage de différents talents, le soutien vers l’indépendance, etc. Des instruments plus « classiques » sont alors utilisés tels que le fait de pêcher sa propre nourriture ou bien le fait de nager seul pour la première fois. On peut essayer d’analyser toutes ses scènes pour en déterminer la portée mais cela ne ferait qu’enlever la poésie qui se dégage du film. Une tentative d’ancrage du film déjà vouée à l’échec du fait de son décor si libre et sans limites. Sans jamais abuser des plans larges sur cette magnifique nature, le réalisateur nous fait ressentir cette impression d’immensité et c’est justement en concentrant le regard sur des détails qu’on prend subtilement conscience de notre petitesse.


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Je pourrai vous parler pour conclure de la vraie profession des différents acteurs mais je préfère, et de loin, vous laisser apprécier le film et ses personnages dans la pureté qui s’en dégage. Il serait dommage de les teinter d’une lourdeur réelle et si ennuyante finalement. Oubliez tout jusqu’à votre présence dans une salle de cinéma pour vous laisser embarquer dans ce rêve paternel intemporel, vous ne le regretterez pas!

Sortie nationale le 1er décembre.

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