L’histoire: Ouvrez les yeux. Vous êtes dans un espace clos, sous 1 tonne de terre irakienne avec 90 minutes doxygène et pour seule connexion vers lextérieur un téléphone portable à moitié rechargé. Tel est le destin de Paul, entrepreneur Américain pris en otage et enfermé dans une boîte. Le temps file et chaque seconde qui passe le rapproche dune morte certaine.
Il est de temps en temps de ces films qui sont des expériences singulières et comme pour tous les films de ce genre, les conditions de visionnage sont extrêmement importantes pour que le film fonctionne efficacement. Voir Buried avec plus de 300 spectateurs n’est pas vraiment idéal pour se sentir vraiment enfermé. Entre les éternuements de certains, les rires nerveux d’autres et les soupirs d’angoisse du reste, je ne me suis pas vraiment senti oppressé comme il le fallait. À la limite, mon côté un peu masochiste aurait préféré voir le film dans un cerceuil comme certains participants volontaires du Comic Con 2010 ont eu l’occasion de faire. N’étant pas vraiment claustrophobe, cela m’aurait surement aidé à me mettre dans le bain. Visuellement, le réalisateur a réussi à varier la mise en scène et ce n’était pas une mince à faire. Une heure et demie qui se déroule uniquement dans un cercueil peut paraître très long et monotone. Rodrigo Cortés a su casser cette monotonie avec quelques passages bien sympathiques. Malheureusement, cette diversité n’a pas su éviter quelques autres passages trop exagérés dans la mise en scène notamment à cause de la musique qui rend le tout un peu kitsch par moment « Ouh la la mais c’est affreux ce qui lui arrive, je vais te mettre une musique mélo et angoissante à la fois au cas où vous ne l’auriez pas compris en reculant avec la caméra pour montrer qu’il est bien tout seul… ». Un effet un peu trop stylisé pour éviter de le ressentir comme tel…
Concernant le film en lui-même, rien d’extraordinaire. Une trame très américaine où chaque élément est introduit pour être utilisé plus ou moins subtilement par la suite. On sent clairement et même un peu trop la patte du scénariste. On ne peut pas se détacher intellectuellement de chaque segment du film. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la réaction attendue par le scénariste de chaque scène. Ce qui fait qu’au final, j’ai vraiment pris le film comme un exercice plutôt que comme une expérience sensorielle. Je n’ai vu qu’une succession de moments stéréotypés: le moment émotion, le moment pétâge de plomb, le moment frustration, le moment de colère, le moment d’espoir, etc. Ryan Reynolds est pourtant très convaincant durant tout le film pendant ces différents moments mais le scénario beaucoup trop présent ne permet pas d’y croire totalement. En résumé, Buried est un film à voir pour la forme et de préférence dans une salle de cinéma déserte. C’est tout de même un bel effort qu’il faut souligner et il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’on ait retrouvé le film dans différents festivals qui aiment à montrer autre chose que les blockbusters américains. Le film a même reçu le prix de la Critique internationale au Festival de Deauville. Un prix qui récompense certainement beaucoup plus l’expérimentation que l’expérience du film.