Harry Brown: Violemment surprenant

Harry Brown de Daniel Barber en deux mots: Violemment surprenant.

L’histoire: Ancien marine à la retraite, Harry Brown vit dans un quartier difficile de Londres. Témoin de la violence quotidienne engendrée par les trafics de toute sorte, il évite soigneusement toute confrontation et invite son vieil ami Leonard à en faire de même. Le jour où l’inspectrice Frampton lui annonce le meurtre de Leonard, Harry, dévasté, ne peut que constater l’impuissance de la police. Un soir, en rentrant du pub, il se retrouve face à un junkie qui le menace d’un couteau. Malgré les effets de l’alcool, Harry retrouve d’anciens réflexes.

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Avec un titre et un synopsis pareils, je m’attendais à un bon gros délire avec un vieux qui pète les plombs et commence à fusiller tout le monde. Imaginez ma surprise en me retrouvant devant un drame pur et dur. Ayant de plus vu Emily Mortimer dans le casting du film – Emily Mortimer étant une de mes actrices préférées depuis Une fiancée pas comme les autres et l’incontournable Match Point – je m’étais dit: "Chouette! Un rôle complètement improbable". Et bien, je m’étais vraiment fait un tout autre film dans ma tête. Après le premier effet de surprise passé, je me suis mis dans le film et je dois dire que ce fut une très belle surprise. À commencer par l’apparition du nom de Sean Harris dans le générique d’introduction. Sean Harris que j’avais vu à la Semaine de la critique dans l’excellent court-métrage Native Son de Scott Graham. Court-métrage sensible et dérangeant sur une histoire de nécrophilie dont je suis au jour d’aujourd’hui le seul fan sur la fiche Allociné et le seul à avoir bloguer dessus :p. Dans ce dernier, Sean Harris m’avait impressionné et même déconcerté par sa capacité à nous faire passer cet acte contre-nature. Son innocence et sa marginalité étaient touchantes en un sens. J’avais hâte de voir ce qu’il allait pouvoir me faire croire cette fois-ci. Et bam! Il se transforme en dealer/trafiquant aussi instable que terrifiant. La différence a été fatale, j’ai eu du mal à croire que c’était le même acteur! Il était méconnaissable. Et pour couronner le tout, sur la télé passent des images filmées d’actes sexuels avec des femmes complètement shootées à la limite de l’inconscience qui m’ont rappelé la scène dans Native Son et qui malheureusement donne à ce dernier une dimension beaucoup plus obscène que lorsque je l’avais vu. En tout cas, tout ça pour dire que Sean Harris est grand et j’ai hâte de voir ce qu’il va nous sortir par la suite!

Sinon, le film est classique dans ces revendications sociales mais très intéressant dans sa mise en scène. La première scène vu à travers l’objectif d’un portable est assez saisissante et le réalisme attendu est au rendez-vous. Certains plans sont absolument géniaux notamment celui dans la planque des dealers avec cette allée de plants de marijuana ou bien dans le tunnel au moment de la "vengeance". Ce policier est plutôt bien mené et brille vraiment par son originalité (je pense surtout au niveau du choix du héros car les "méchants" sont assez banales et caricaturaux finalement) et son audace au niveau de la violence. Moi, je suis ressorti convaincu mais personnellement, je ne sais vraiment pas à quel type de public il s’adresse exactement. Ce n’est pas vraiment un policier, pas vraiment un drame, pas vraiment un film d’action, c’est limite un film social mais si c’est vraiment cela il rate un peu son but car finalement le film est en parfait accord avec une expression plutôt déconcertante: "la violence appelle la violence et c’est très bien ainsi".

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