L’histoire: Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s’emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d’aurochs. Avec la montée des eaux, l’irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.
Parmi mes 4 films coup de c?ur de l’année 2012 (Bellflower, Les Bêtes du Sud Sauvage, Cosmopolis & Martha Marcy May Marlene), 3 sont des premiers films. Autant dire que j’attendais du sang frais cette année. Un peu d’originalité, de la prise de risque et peut-être même un peu de maladresses afin de rendre le tout plus authentique. Les Bêtes du Sud Sauvage répond largement à cette attente. Le film mélange la réalité d’une communauté vivant en autarcie du monde moderne avec l’imaginaire d’une petite fille. Sous ses airs de conte pour enfants, le film réussit une authenticité extrême en évitant d’édulcorer la dureté de la situation ou de compremettre les convictions des personnages. Au revoir la princesse sans saveur qui attend que les choses se passent, Hushpuppy agit plus qu’elle ne subit. La compréhension du monde qui l’entoure est sa source d’existence et notre source d’espoir à travers le film quand les choses vont de mal en pis. Le scénario pourrait laisser présager un film catastrophe ultra-dramatique: on a une innondation, une disparition, une évacuation… mais malgré tous ces éléments, on ne peut s’empêcher d’être toujours optimiste. Les personnages ne se laissent jamais abattre et c’est ce qui fait la force du film. Tels les aurochs qui se réveillent, les personnages se révèlent.
Comment parler de la relation père-fille des Bêtes du Sud Sauvage sans évoquer la relation père-fils du film Alamar de Pedro Gonzalez-Rubio. Quand cette dernière prend un caractère d’instinct protecteur, c’est le caractère d’instinct de survie qui est développé dans les Bêtes du Sud Sauvage. Toujours est-il que l’on parle d’instincts primaires que le père transmet à son enfant. On retrouve d’ailleurs une scène similaire dans les deux films lorsque le père apprend à l’enfant à pêcher. L’apprentissage est beaucoup plus violent dans le film de Benh Zeitlin mais le lien filial est tout aussi fort. Étant un grand fan de ce thème, je ne pouvais qu’être complètement emporté et ça n’a pas raté.
Pour finir, évitons de développer ce qui a certainement déjà été développé plusieurs centaines de fois à savoir que Quvenzhané Wallis est une découverte, blah, blah, blah et concentrons nous plutôt sur cette première réalisation. Il se dégage une émotion assez folle du film. La musique, la photographie, le mouvement, tout est assez fluide pour que l’on rentre rapidement et entièrement dans l’histoire. La première partie est d’ailleurs indéniablement une de ces séquences de films qui font plaisir à voir sans que l’on puisse trop l’expliquer. Une petite analogie musicale personnelle: toute la séquence d’introduction me fait ressentir le même besoin de sourire que lorsque j’écoute un morceau de Beirut. Il se passe alors quelque chose d’inexplicable qui fait se sentir tout de suite beaucoup mieux. Comme pour Beirut où on ne sait pas trop si c’est la trompette, les cordes, la voix, l’explication du pourquoi du comment est assez futile. Il suffit de savoir profiter et laisser cette partie de mystère à la magie du moment.
À voir abolument. Si mêmes mes parents l’ont vu, il n’y a vraiment aucune raison pour que vous ne le fassiez pas! :p