L’histoire: Mouna, divorcée et mère d’un adolescent, est une femme palestinienne enthousiaste et optimiste. Au coeur des territoires occupés, le quotidien est pourtant éprouvant et l’horizon morose. Et puis un jour, quitter cette vie et aller travailler aux Etats-Unis devient possible : étrangère en son pays, Mouna peut bien l’être ailleurs. Elle part alors avec son fils Fadi rejoindre sa soeur installée depuis 15 ans au fin fond de l’Illinois. Après le réconfort des retrouvailles, Mouna et Fadi vont devoir trouver leur place dans cette "Amreeka" tant rêvée. Mais les Etats-Unis, partis en guerre contre le "diable" Saddam, ont une bien étrange conception de l’hospitalité. Il en faudra davantage pour freiner Mouna dans sa quête d’une vie meilleure…
Entre immigration et préjugés, le film est un choc cinématographique. Très personnel, cest un véritable témoignage de toute une communauté qui lutte pour faire valoir son intégrité. Le thème délicat de la menace terroriste est abordé avec brio en privilégiant le point de vue de la famille et non de la politique. Les personnages sont en recherche didentité dans un pays qui ne cherche pas vraiment à les intégrer. Les difficultés quils rencontrent pouvant paraître "banales" sont criantes de vérité dans un pays où porter le mauvais jean peut nous faire passer pour un "loser".
Les acteurs sont formidables dans leur rôle respectif. L’interprète de la mère Mouna tout particulièrement. La réalisatrice précise quelle a trouvé en Nisreen Faour "à la fois de la candeur et une profonde tristesse" qui sied parfaitement à lhéroïne de son film. Une héroïne en recherche du bonheur toujours empêché par des obstacles extérieurs. Une mère qui pense avant tout à son fils. Nisreen Faour a définitivement capturé l’essence du personnage. Quant aux personnages secondaires, ils ne sont pas moins intéressants! Avec en première ligne la tante qui ne pense qu’à retourner au "pays" interprété par Hiam Abbass et la nièce qui bien qu’intégrer à la culture américaine sent le poids de ses origines interprété par la surprenante Alia Shawkat qu’on a pu découvrir dans la série comique Arrested Development.
Une bonne surprise pour un film qui aurait pu être politique à outrance. Rien ne semble exagéré quand aux discriminations dont a fait lobjet la communauté arabe aux États-Unis au moment de la première guerre du golfe en 1991. La réalisatrice Cherien Dabis se souvient même quà cette époque elle vivait dans lOhio et sa sur de 16 ans a fait lobjet dune enquête par les services secrets à cause dune rumeur quun élève avait lancé. Rien de pire pour un film qui défend une cause den faire des tonnes. À limage de Home qui nous assomme de chiffres et nous fait peu à peu succomber à un ennui profond. Amerrika est lexemple parfait du fait quil nest pas vraiment nécessaire de nous traumatiser pour nous interpeler.