J’ai eu la chance d’être invité à une rencontre privée avec l’équipe du film dont les deux réalisateurs et le staff du Benda Bilili! qui nous ont offert un petit concert privé au Comptoir Général. Un endroit assez singulier. Une sorte d’énorme loft où tout se mélange: projecteur, crânes, plantes plantées à même le sol…. J’ai pu discuter avec Florent de la Tullaye le plus naturellement possible en compagnie de Benoit de Laterna Magica. Dans cette conversation, j’y ai retrouvé ce qu’on ressent déjà dans tout le film c’est-à-dire une passion certaine pour un pays qui peine à s’en sortir. L’impression d’une véritable découverte du au hasard. Un très bon moment passé avec l’équipe du film. Le concert fut un peu court mais retrouver les musiques du film fut un vrai plaisir. Surtout lorsqu’on se souvient des paroles dans le film qui raconte leur histoire.
L’histoire: Ricky avait un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo. Roger, enfant des rues, désirait plus que tout rejoindre ces stars du ghetto kinois qui écument la ville sur des fauteuils roulants customisés façon Mad Max. Mais avant tout il faut survivre, déjouer les pièges de la rue de Kinshasa, chanter et danser pour s’évader. Pendant cinq ans, des premières chansons à leur triomphe dans les festivals du monde entier, BENDA BILILI nous raconte ce rêve devenu réalité.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un documentaire aussi émouvant et passionnant. L’histoire de ces musiciens qui malgré leur handicap ont toujours cru en eux avec ce fol espoir d’un jour pouvoir faire le tour du monde avec leur musique. Le film ouvre avec une chanson qui parle de la vie passée à dormir sur des cartons. On est tout de suite interpelé par cette façon de chanter sa vie, son malheur. C’est un petit peu comme assister à la naissance du blues africain. Ricky mène ce staff d’une main de maître avec un sens de la réalité aigu tout en restant un exemple d’optimisme. Une des premières conversations qu’on entend de ce leader concerne la chance qu’ils ont que "des blancs" s’intéressent à eux et à quel point il est important de ne pas les faire fuir par un non-professionnalisme. Il est certain que sans Ricky les choses auraient très bien pu ne jamais se faire. Cette introspection dans leur vie de tous les jours est non seulement instructive mais elle est aussi une expérience d’humilité.
La musique du collectif Benda Bilili! prend donc sa racine dans le vécu des membres du groupe et elle n’en devient que plus touchante et plus significative. On se surprend à espérer que tous leurs rêves se réalisent tout en restant très réaliste sur la possibilité de ne pas avoir de "happy ending".On les suit pendant 5 ans avec des hauts et des bas. Et le passage qui résume pour moi toute l’émotion du film est le concert aux Eurokéennes où au début, deux ou trois pecnos se pointent pour écouter la musique de ce groupe si atypique et qui finit par une foule hallucinante!! Un grand moment d’émotion qui m’a arraché quelques larmes de joie et c’est bien la première fois qu’un film me fait cet effet. La joie du collectif est palpable et cette grande réussite qu’on partage avec eux représente tellement qu’on ne peut même pas se l’imaginer. Un film que je conseille très très vivement si vous ne l’avez pas encore vu. Un MUST de cette année 2010!!