Frost / Nixon, l’heure de vérité

Frost / Nixon, l’heure de vérité de Ron Howard en deux mots: Authentiquement décevant.


Imagine Entertainment Frank Langella. Working Title Films


L’histoire: En 1977, l’interview télévisée de l’ancien Président Richard Nixon menée par David Frost a battu le record d’audience de toute l’histoire du petit écran américain pour un magazine d’actualités. Plus de 45 millions de personnes ont assisté à un fascinant affrontement verbal au fil de quatre soirées. Un duel entre deux hommes ayant tout à prouver, et dont un seul pouvait sortir vainqueur. Leur affrontement a révolutionné l’art de l’interview-confession, a changé le visage de la politique et a poussé l’ancien Président à faire un aveu qui a stupéfié le monde entier… à commencer sans doute par lui-même.


Rebecca Hall et Frank Langella. Working Title Films Frank Langella et Kevin Bacon. Working Title Films


De deux choses l’une, soit j’ai définitivement aucun intérêt envers la politique soit je suis passé à côté du génie de Ron Howard. 5 nominations aux Oscars et accessoirement 8 récompenses ainsi que 36 autres nominations (cf. IMDb) ne s’obtiennent pas sans rien tout de même. Pour ma part, je n’ai vraiment pas été sensible aux choix artistiques notamment les interviews qui imitent un documentaire avec les acteurs jouant les personnages ad-hoc qui reviennent sur cette époque. Soit on réussit à retrouver et convaincre les personnes qui y étaient à participer soit on s’abstient des interviews post-Watergate, l’alternative choisie est à la limite de la déontologie. Un faux documentaire dans le documentaire, mais pourquoi?!

De plus, le rapport dominant/dominé qui que soit l’un et l’autre est beaucoup trop accentué ce qui fait que le changement de rapport de force est trop visible. Je m’explique, lorsque Frost est en situation d’infériorité, Ron Howard le dépeint comme un homme téméraire qui prépare à peine l’interview de sa vie et cela se ressent fortement les trois premiers jours de l’interview. Et c’est alors que "Miracle!", il se réveille juste au moment où ‘comme de par hasard’ Nixon qui jusqu’alors avait montré une volonté de fer devient plus que vacillant. On a donc un inconscient qui devient un modèle d’habileté et un homme à la volonté de fer qui devient une proie, et tout cela en un claquement de doigts. Faudrait-il apprendre à Ron Howard l’art de la transition?


Rebecca Hall, Frank Langella et Michael Sheen. Working Title Films Michael Sheen et Ron Howard. Working Title Films


Je vois d’ici les critiques venir sur ma propre critique: "Mais t’as rien compris! Le documentaire dans le documentaire, c’est ça la force du film!": Mouais call me old-fashioned mais j’aime l’authentique quand on se targue d’être un film historique. Et "Mais justement c’est quand Nixon montre un signe de faiblesse que Frost en profite!": Mouais c’est possible mais alors pourquoi avoir sacralisé Nixon dans toute la première partie du film? C’est l’écart entre les deux Nixon qui choque, pas sa chute per se.

Au final, j’ai été bien déçu par ce film. Je me sens un peu seul parmi toutes ces critiques dithyrambiques mais j’assume pleinement. Néanmoins, je ne peux conclure cette critique sans mentionner la grande performance de Frank Langella! Un Nixon plus vrai que nature qui mérite amplement toutes ses nominations et récompenses, c’est pour moi et de loin le seul intérêt du film.

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