Les 3 Royaumes – Jeudi 12, Partie 1

Jeudi 12, 1ère partie:

Les 3 Royaumes de John Woo en deux mots: Intelligemment impressionnant!


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L’histoire: En 208 après J.-C., l’empereur Han Xiandi règne sur la Chine pourtant divisée en trois royaumes rivaux. L’ambitieux Premier ministre Cao Cao rêve de s’installer sur le trône d’un empire unifié, et se sert de Han Xiandi pour mener une guerre sans merci contre Shu, le royaume du sud-ouest dirigé Liu Bei. Ce dernier dépêche Zhuge Liang, son conseiller militaire, comme émissaire au royaume de Wu pour tenter de convaincre le roi Sun Quan d’unir ses forces aux siennes. A Wu, Zhuge Liang rencontre le vice-roi Zhou Yu. Très vite, les deux hommes deviennent amis et concluent un pacte d’alliance.
Furieux d’apprendre que les deux royaumes se sont alliés, Cao Cao envoie une force de 800 000 soldats et 2 000 bateaux pour les écraser. Face à l’écrasante supériorité logistique de Cao Cao, le combat semble joué d’avance, mais Zhou Yu et Zhuge Liang ne sont pas décidés à s’avouer vaincus…
Dans un déluge de puissance et de génie tactique, la bataille de la Falaise Rouge va rester comme la plus célèbre de l’Histoire et changer le destin de la Chine pour toujours.


 Le réalisateur John Woo. Metropolitan FilmExport


Le moins qu’on puisse dire c’est que le dernier John Woo est impressionnant. Et pour cause, avec un budget de 80 millions de dollars, les 3 Royaumes est le film en langue chinoise le plus cher de toute l’histoire. Évidemment, on reste très loin des 250 millions de dollars des grosses productions américaines telles que Spider-Man 3, mais le résultat n’en est pas moins bluffant. John Woo révolutionne le genre. À la projection du film, j’ai eu la même excitation que lors des premiers jeux vidéos qui alliaient jeu de stratégie et RPG. Le mixte des deux peut faire peur mais lorsqu’il est si bien réalisé, on ne peut qu’apprécier. Le film est sorti en deux parties en Asie pour une durée de plus de 4 heures. Mais pour le public occidental, John Woo, craignant que ce dernier ne supporte pas 4 heures de mandarin, a réalisé une version plus courte de 2h25 d’où un début décousu. Une succession de scènes saccadées qui malheureusement entrave la fluidité du film. On sent que l’histoire est précipitée et c’est bien dommage, 4 heures de mandarin ne m’auraient pas dérangé :). Cette histoire vraie est véritablement incontournable en Asie. Peu d’asiatiques ne connait pas cette histoire qui a inspiré plusieurs jeux vidéos déjà sortis et un manga publié même en France. John Woo s’attaque à un monument et il réussit son pari haut la main.


Hu Jun. Metropolitan FilmExport Metropolitan FilmExport


Comme je l’ai mentionné précédemment, ce qui différencie les 3 Royaumes de toutes les autres épopées asiatiques qui à la longue se ressemblent les unes, les autres, c’est la place primordiale accordée à la stratégie. En effet, le film est un hommage au Sun Tzu ("l’art de la guerre") de Sun Zi, qui est ni plus ni moins l’ouvrage de stratégie militaire le plus ancien connu au monde. Certains passages sont même cités dans le film par Xiao Qiao, la femme du vice-roi Zhou Yu. Écrit au Vème siècle avant J.-C., le Sun Tzu explique l’importance de la stratégie lors d’une guerre: la préparation et la bonne connaissance du terrain et de ses ennemis (par l’espionnage). Ainsi, il met l’accent sur l’aspect psychologique d’un affrontement. Dans le film de John Woo, on assiste aux décisions clés et à la réflexion qui amène a ces décisions. Chaque stratégie a un nom et durant chaque bataille, qui reste inévitable, rien n’est laissé au hasard. Ce n’est pas de ces grands combats "on fonce dans le tas" de certaines productions. Au contraire, la structure et les différentes étapes sont clairement définies ce qui donne toute la beauté des batailles car on sait pourquoi ils se battent.


Shido Nakamura. Metropolitan FilmExport Metropolitan FilmExport


Takeshi Kaneshiro: Tout le monde lui fait une entière confiance et nous, spectateurs ne pouvont que conjecturer sur les raisons de cette aveugle confiance. John Woo a tout compris: pour qu’un personnage prenne de la hauteur, il faut que les autres personnages le considèrent comme tel. Et comme dans Les 3 Royaumes, ils se considèrent tous avec un énorme respect même entre ennemis, tous les personnages deviennent extraordinaires.


Tony Leung Chiu Wai. Metropolitan FilmExport Takeshi Kaneshiro. Metropolitan FilmExport


Le Secret des poignards volants), Tony Leung Chiu Wai (Infernal Affairs) ou Chang Chen (Tigre et Dragon) pour interpréter ces personnages. Ces acteurs ont dans le film un charisme et une prestance indéniables. Ils sont tous impressionnants. Aucune critique à faire de ce côté là. Quant aux effets spéciaux, il est vrai qu’on regrette parfois le recours aux images de synthèse trop évidents et un peu maladroits mais il faut bien que le cinéma asiatique s’y mette un jour ou l’autre! Visuellement, les transitions entre les plans réels et les images de synthèse sont loin d’être parfaites donnant parfois au film des airs de jeux vidéos. C’est dommage, mais que sont un ou deux plans face à une multitude de scènes de combat incroyablement authentiques? D’ailleurs, très beau travail de Corey Yuen (Le Transporteur), le réalisateur des scènes d’action, qu’il faut saluer pour ces magnifiques scènes.


Lin Chi-Ling. Metropolitan FilmExport Zhang Fengyi. Metropolitan FilmExport


Et comme si tout cela ne suffisait pas, John Woo réussit parfaitement à utiliser intelligemment les coutumes et la pensée asiatiques de sorte qu’elles servent l’histoire. En effet, les personnages rivalisent de subtilité et s’expriment souvent sous forme de proverbes. Autrefois, la capacité d’une personne à s’exprimer en proverbes démontrait son intelligence, sa pertinence et surtout son éducation. C’était une sorte de preuve qu’on avait eu accès à une bonne éducation, c’était donc une preuve d’un certain statut social. Que ces proverbes soient repris à bon escient ou inventés pour la circonstance, leur maîtrise démontre une forme d’intellect certaine. Des proverbes qu’aujourd’hui encore on inculque aux enfants en Chine et ailleurs. Par ailleurs, la calligraphie et la musique sont évidemment très présentes dans le film. Encore une fois, la maîtrise dans l’un de ces deux arts est une preuve d’intellect. Ces arts considérés comme pures ne peuvent pas en théorie être maîtrisés par de "mauvaises" personnes. C’est pourquoi le conseiller Zhuge Liang n’a besoin que de jouer un morceau de musique avec Zhou Yu pour le convaincre et aussi pourquoi on voit la femme de Zhou Yu, Xiao Qiao, pratiquer la calligraphie. C’est pour indiquer aux spectateurs que cette femme est doté d’une certaine sagesse et intelligence qu’elle met au service de la paix (le caractère qu’elle calligraphie). Tous ces petits détails qui font référence à la culture chinoise aident non seulement à la compréhension mais aussi à la puissance symbolique du film. John Woo réussit à aiguiser la curiosité du spectateur l’amenant malgré lui à s’interesser à cette passionnante culture qu’est la culture chinoise.



En ce qui me concerne, il n’y a aucun doute. Les 3 Royaumes est jusqu’à présent le meilleur film du genre. Comparé aux Seigneurs de la guerre que j’ai vu quelques jours auparavant (voir mon article: ici), il n’y a pas photo! De par son innovation et son respect de l’Histoire et de la tradition chinoise, les 3 Royaumes surpassent de loin ce dernier. Et il est peu probable qu’une épopée asiatique aussi bien faite ne sorte avant longtemps. Ce qui est sûr c’est que j’irai le revoir au cinéma dès sa sortie le 25 mars 2009 et j’attend avec impatience la sortie DVD qui inclura espérons-le la version asiatique en deux parties. Je viens de remarquer que la sortie est juste après le printemps du cinéma malheureusement. Mon conseil: supprimez deux films que vous auriez voulu voir pendant le printemps du cinéma et allez voir Les 3 Royaumes le lendemain! Il vaut assurément deux des films que j’ai vu pendant les éditions précédentes du printemps du cinéma, films que je suis allé voir uniquement parceque c’était "pas cher" :D. À voir ABSOLUMENT!
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