L’histoire:Paul Exben a tout pour être heureux : une belle situation professionnelle, une femme et deux enfants magnifiques. Sauf que cette vie n’est pas celle dont il rêvait. Un coup de folie va faire basculer son existence, l’amenant à endosser une nouvelle identité qui va lui permettre de vivre sa vie.
Invité par le site communautaire Ulike.net à une soirée ayant pour thème le nouveau film de Eric Lartigau qui sort ce mercredi en salles, j’ai pu me rendre à une exposition photo d’Antoine Agata et à la projection en avant-première dudit film. Une expo photo? Quel rapport avec le film vous allez me dire. Eh bien, mis à part le fait que plusieurs des photographies de l’artiste sont présentes ici et là dans le film, l’expo reprend le thème entier du film qui est la question de l’identité. C’est ce même questionnement que l’on retrouve souvent face à une photographie. D’où vient-elle? Où a-t-elle été prise? Dans quel but a-t-elle été prise? Par qui? Le thème de la soirée était donc clairement établi et plus que cohérent. Le film porte d’ailleurs parfaitement bien son titre. L’ambigüité sur la vie qu’il veut vivre est constante. La recherche de cette vie qu’il a perdu, qu’il envie ou qu’il veut s’approprier torture cet homme du début à la fin. Et le monde de la photographie se prête très bien à ce jeu. En effet, qu’est-ce qu’un photographe si ce n’est quelqu’un cherche à se définir ou s’exprimer à travers ses clichés. Quant à savoir si le photographe lui-même le sait, c’est une autre histoire. Dans le film, Paul voit le monde tel qu’il est réellement pour la première fois une fois qu’il l’observe et l’analyse à travers son objectif. C’est avec son appareil photo qu’il apprend à connaître qui il est et ce qui l’entoure.
Romain Duris est excellent dans ce rôle qui est à l’opposé de celui de séducteur dans l’Arnacoeur. Quand on y pense, il est fort cet acteur! Être autant à l’aise dans les comédies et dans les drames, c’est rare. Romain Duris passe de l’un à l’autre sans aucun effort. Une sorte de Jon Hamm à la française. Rappelons que Jon Hamm s’est fait connaître dans son rôle ultra dramatique de Don Draper dans la série Mad Men et qu’il n’est pas étranger à la comédie notamment grâce à ces apparitions dans la série 30 Rock et le show Saturday Night Live. Une capacité à jouer dans les deux registres qui impressionne. Et pour en revenir à l’acteur français, des Poupées russes à L’Homme qui voulait vivre sa vie en passant par De battre, mon coeur s’est arrêté, L’Arnacoeur et Dans Paris, je ne cesse de m’étonner de sa capacité à nous faire croire en des personnages aussi différents. Dans L’Homme qui voulait vivre sa vie, il adopte le look et la mentalité du photographe baroudeur perdu dans le Monténégro. Sans faire vraiment rêver car les circonstances pour lesquelles il a fui la vie parisienne ne sont pas très enviables, c’est le fantasme des photographes en quête de liberté que Paul Exben réalise. Se perdre au milieu de nulle part et rapporter les expériences qu’on y vit. Le film en lui-même devient un roman photo d’une beauté et d’une inspiration de liberté enivrantes. Après avoir vu ce film, je sens que mon argentique m’accompagnera beaucoup plus souvent qu’il ne le fait déjà :).
Après la projection du film, on a eu droit à un débat en présence du réalisateur Eric Lartigau, du producteur Pierre-Ange Le Pogam et de l’actrice Marina Foïs. Débat durant lequel on a notamment eu leur point de vue très différent sur l’histoire, le personnage principal et son dénouement. Finalement, on ne sait toujours pas où il en est dans sa quête d’identité. Chacun a son propre avis et c’est une des forces du film. Les pessimistes y verront un gouffre qui ne sera jamais surmonté, les plus optimistes y verront le début d’une rédemption méritée. Pour ma part, ce genre de personnage torturé avec lequel le destin aime bien jouer d’une manière assez sadique avouons-le, j’adore! Le film est librement inspiré d’un livre écrit par Douglas Kennedy et pour ceux qui n’avaient pas lu le livre, on a appris que le personnage interprété par Catherine Deneuve est un homme et que le réalisateur a adapté le personnage pour l’actrice. La seule question sur l’importance de la photographie dans le film nous a fait découvrir le photographe Antoine d’Agata dont nous avions vu certaines uvres avant la projection. Un artiste qui se consume en créant. Il est dans un processus assez destructeur dont il essaie de s’échapper en créant d’une autre façon. La question de l’identité du photographe face à son art est décidément encore pleinement ouverte. Une question fascinante que le film réussit à nous faire poser.
Ci-dessous la vidéo de la rencontre et les réactions de certains invités de la soirée: